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Audimat
Tèque 3

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Tèque 3

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Audimat

Catno

978-2-492469-18-33


Klara et la bombe
Crystal Bennes

Cet article est un extrait du livre de l’artiste et chercheuse Crystal Bennes, consacré à Klara von Neumann, la femme du célèbre mathématicien et physicien américano-hongrois John von Neumann. Celui-ci dresse une esquisse de portrait de celle qui, aliénée dans une relation hétéropatriacale, n’aura eu de cesse de se dérober, refusant de raconter dans son autobiographie sa participation à la construction de l’ordinateur moderne, et s’effaçant dans une correspondance qui ne laisse échapper que le pseudo « génie » de son mari. De par sa participation à une entreprise de guerre, Klara von Neumann reste une figure problématique dont il n’est pas possible de célébrer le travail sans questionner les objectifs poursuivis par les constructeur·ices de l’ordinateur. Grâce à son fonctionnement par montage et son refus d’effacer le travail d’enquête et ses impasses, ce texte s’affirme aussi comme une réflexion sur la possibilité d’une histoire féministe de l’informatique moderne, en quoi il fait écho à une autre biographie impossible, le Zero and Ones de Sadie Plant, texte phare du cyberféminisme consacré à la pionnière de l’informatique Ada Lovelace. Comme Plant, Crystal Bennes refuse de mener une historiographie féministe en laissant la méthode inchangée, et en se contentant de remplacer les figures masculines par des figures féminines. Dans ce cas précis, les pionnières de l’informatique étaient, comme leurs homologues masculins, impliquées dans la réalisation de calculs et simulations qui permirent d’expérimenter la bombe atomique, la bombe à hydrogène ou l’envoi de missiles balistiques. Comment alors glorifier la contribution des femmes à l’informatique moderne si celles-ci ont elles aussi contribué à cette entreprise de destruction ? Si Bennes choisit d’attirer l’attention sur les structures qui ont empêché, et qui empêchent encore, une histoire féministe de l’informatique, c’est par souci de donner à saisir comment la recherche de l’efficacité et d’une rédemption empressée qui pourrait caractériser ces nouveaux récits font justement partie d’un style de pensée que le féminisme doit être amené à examiner, et à critiquer.

Design tactique
Nolwenn Maudet

L’essai de la designer Nolwenn Maudet retrace un courant furtif de la résistance aux plateformes numériques : les ruses qui consistent, via une extension de navigateur, à injecter une couche de programmation de manière à contrevenir aux obligations des plateformes (les bandeaux de cookies par exemple). Face à des plateformes que l’on peine à quitter malgré leurs défauts, l’alternative qui nous est souvent présentée est d’aller voir la concurrence (fuir Twitter et créer un compte sur Mastodon par exemple). Maudet nous présente une autre voie, en mode mineur, celle des logiciels parasites qui pallient à certains méfaits des plateformes, pour mieux mettre en relief les limites de la posture de critique par l’expérimentation qui les accompagne.

C’est quoi le code ?
Paul Ford

Ce long texte du programmeur Paul Ford fait le portrait d’une figure contrastée : un vice-président d’une grande entreprise non identifiée qui, loin de l’archétype de l’entrepreneur control freak, navigue avec ignorance dans l’incompréhensible bazar qu’est la rénovation d’un site Web. Ce récit d’une refonte menée par un chef de projet hipster oscille entre le registre de la satire mondaine, avec ce qu’il faut d’empathie et d’ironie pour le folklore de cette pseudo-nouvelle avant-garde du monde de l’entreprise, et le guide touristique et pédagogique, qui nous guide dans la profusion fantasmagorique des multiples langages de programmation. Au-delà, il incarne à merveille la façon dont les programmeur·euses, aussi brillant·es soient-iels, opèrent bien plus souvent qu’on ne le croit au diapason des impératifs bureaucratiques et économiques des entreprises. Si les inventeurs d’Apple pouvaient faire flotter un drapeau pirate au-dessus du garage qu’était le Homebrew Computer Club, il est évident que le développement logiciel est devenu une subculture d’entreprise, dont les revendications d’autonomie et d’extériorité paraissent souvent superficielles, résiduelles, ou du moins limitées à une portion congrue de la vie au travail. De l’autre côté, ce portrait du dirigeant perdu devant le jargon informatique peut nous laisser une impression d’inachevé : il devrait pouvoir comprendre. Faudrait-il qu’il apprenne lui aussi à coder ? Paul Ford ne répond pas clairement à cette injonction croissante, mais nous montre ici ce que peut être une « culture du code » qui ne passe pas uniquement par la pratique, mais aussi par la connaissance des façons dont le code, au-delà des rituels, est souvent surinvesti comme une esthétique et une éthique du « travail bien fait » – ce qui veut évidemment dire qu’elle risque de laisser tout le reste de côté (Paul Ford, qui finit en se disant heureux d’avoir vécu « la plus grande période d’expansion du capital », n’évoque pas ici ses conséquences sociales et écologiques).

10€*

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Vintage book (1981) good condition but has been used a bit
Rap-de-mixtapeAbe Beame traduit par Hervé Loncan Cela peut paraître bizarre à l’heure des sorties erratiques de singles en streaming, mais il fut un temps où les meilleur·e·s rappeurs et rappeuses se tiraient la bourre sur un format « mixtape », étrangement peu sensible aux variations de supports (cassettes, CD puis MP3). Format esthétique et commercial, la mixtape empruntait sa durée à celle de l’album (excédant parfois les plus longs d’entre eux) et, de plus en plus fréquemment au cours de son histoire, ses rythmes effrénés de parution aux sitcoms. Elle révéla quelques-uns des rappeurs les plus brillants et influents de leur génération – 50 Cent ou Fabolous. La seconde génération, en particulier, celle des Lil Wayne ou Gucci Mane, s’est montrée capable d’en enchaîner plusieurs par mois, donnant à voir le progrès de leurs flows presque en direct, générant sans cesse des punchlines sur le mode du flux de conscience, testant sans craintes des timbres vocaux ou des ad libs inédits. Nos camarades journalistes ayant surtout parlé de l’âge de la mixtape pour son économie et sa manière de préfigurer le marché dérégulé du streaming, il nous a paru important de revenir sur ce que la mixtape a pu porter au niveau du style et de la manière de rapper. Pour cela, nous sommes allés chercher l’un des meilleurs spécialistes en la personne de Josh Kaplan aka Abe Beame, de Passion of the Weiss, l’un des rares blogs à avoir continué après l’effervescence du milieu des années 2000 sans avoir à en rougir. Il nous replonge dans cette source vive, celle d’une certaine idée du rap comme délire fantaisiste presque ininterrompu, communiquant un mélange d’excès, de générosité et de tension dont l’influence reste perceptible chez les trappeurs et trappeuses d’aujourd’hui.Le fascisme comme styleS. Alexander Reed traduit par Angélique Merklen et Hervé Loncan Quand nous avons entrepris de republier ce texte extrait d’un livre passionnant sur l’histoire de la musique industrielle paru chez Camion Blanc (S. Alexander Reed, Assimilate. Une histoire critique de la musique industrielle), nous avions bien sûr en tête le retour à la mode de l’extrême-droite, le fascisme, dans les scènes indus et post-indus, étant toujours d’actualité. On en parle souvent en termes de « folklore », d’« imaginaire », d’« ambiguïté » ou de simple goût de la provocation, mais on peut se poser la question des moyens qu’on se donne pour éviter d’encourager le racisme et la violence, et si – et comment – cette démarche peut s’articuler avec l’intérêt des musicien·nes et des publics pour l’exploration esthétique de différents tabous. C’est le mérite d’un passionné de ces scènes comme S. Alexander Reed d’étudier avec honnêteté les différents arguments autour de ce sujet, tout en se demandant clairement si les références plus ou moins lointaines à l’esthétique du fascisme n’auraient pas tendance à le diffuser et à le rendre plus acceptable.Autonomes & punksPhilippe RoizesLe fil que Greil Marcus a tiré dans Lipstick Traces entre l’Internationale situationniste et le punk anglais aura frappé l’imagination de pas mal de jeunes à l’esprit rebelle, nous les premiers : l’expérience intime du refus s’y trouvait propulsée à l’échelle d’une structure traversant l’histoire des avant-gardes. Mais avec le recul, il y a quelque chose d’évidemment idéaliste dans l’approche de Greil Marcus, qui en fait une histoire de héros, d’insatiables porteurs de la critique de la civilisation ou de la société capitaliste. Nombre d’auteurs, notamment britanniques, ont depuis relativisé cette légende pleine de panache et préféré insister sur le caractère plus ou moins « intégré dès le départ » du punk, sur le fait que les punks étaient loin d’être tous des prolétaires, et sur leur attitude parfois plus opportuniste que radicale. Il nous paraît important d’arrêter de se poser ce genre de questions uniquement en regardant vers l’étranger, l’éloignement culturel favorisant une idéalisation de la « contre-culture ». Qu’en a-t-il été pour nous, en France ? C’est la question dont s’empare Philippe Roizes, punk dans ces années-là et auteur d’un documentaire sur les luttes politiques autonomes en France. S’appuyant sur une culture encyclopédique de ce milieu, il l’aborde à toutes les échelles, du rapport au travail, aux réseaux de distribution et à l’organisation des concerts, en passant par la participation aux émeutes et manifestations. Il fait ainsi apparaître ce qui rapproche et ce qui différencie les punks de ceux qui proposaient de passer de la critique libertaire à l’action politique.L’âge de la compressionRyan Diduck traduit par Fanny Quément Depuis les débuts d’Audimat, un problème revient régulièrement, tel une ritournelle, un débat qui ne risque pas d’être épuisé de sitôt : peut-on encore parler d’une musique moderne, au sens où elle exprimerait quelque chose de l’intensité du présent, de la politique et du désir, de l’horizon des possibles ? À leur manière, Mark Fisher, Simon Reynolds, Adam Harper, Dan Dipiero, Matthieu Saladin ou Catherine Guesde ont déjà tâché d’apporter des éléments de réponse à cette question dans notre revue. Ryan Diduck, critique pour The Quietus et auteur d’un livre d’histoire culturelle du système MIDI, s’en empare à son tour pour observer comment la décennie 2010, incapable de faire surnager des tendances claires, semble surtout avoir été redéfinie autour d’un marqueur sonore omniprésent, la compression side-chain. En s’appuyant sur un medley de certaines des stars de la théorie critique, Ryan Diduck montre comment cette technique incarne notre modernité sonore en incorporant dans son fonctionnement même les logiques économiques et politiques néolibérales – même si au fil de l’article, ce qu’il décrit d’abord comme le signe d’une espèce de "totalitarisme soft" techno-esthétique finit par apparaitre plus ambivalent qu’il n’y parait.Glam de FranceÉmile Cartron-EldinLe problème de la distance culturelle par rapport à l’Angleterre que soulève l’article de Philippe Roizes dans ce même numéro s’était déjà posé au moment de traduire Le Choc du glam de Simon Reynolds (Audimat Éditions, 2021). Quoi de plus spécifiquement anglo-saxon que le glam rock ? Si l’on pense que la musique compte à l’échelle locale, que les vrais combats sont des batailles locales et territoriales, alors pourquoi se soucier des gesticulations de Bolan, Bowie et consorts ? Bien sûr, la force du livre de Reynolds était de dépasser la situation anglaise des années 1970, et de présenter la dimension quasi-métaphysique de la fuite en avant perpétuelle des protagonistes du glam. Mais comme nous ne nous refusons jamais au défi d’un peu de spéculation historique, nous nous sommes demandés ce que cela pourrait donner de relire l’histoire du rock et de la pop française au prisme de cette hypothèse. Émile Cartron-Eldin, musicien (Music On Hold), homme de label (Gone With The Weed) et collectionneur, s’est prêté pour nous à cet exercice impossible. Dans une réplique ironique aux idées de Reynolds, cette petite enquête historique montre la réversibilité des valeurs « pop », « rock » et « variété » dès qu’on se rapproche un peu des vies de musiciens dont le cap varie volontiers selon l’inspiration du moment ; mais elle fait aussi valoir le charme particulier des musiques pop françaises quand elles pratiquent l’imitation approximative, souvent charmante, parfois parodiques : c’est dans cet art de la distance que les musiciens français peuvent revendiquer de bon droit l’aura du glam.
Sexe et liberté de Helen Willis (inédit)20€256 pagesTraduction : Fanny QuémentRéalisation graphique : Charlie JaniautIllustration : Stephen VuilleminISBN : 978-2-492469-15-2Distribution : Makassar« Le libéralisme sexuel n’a clairement pas ouvert les portes du nirvana. » C’est ainsi que la journaliste, militante et essayiste étatsunienne Ellen Willis exprime l’une de ses principales déceptions, sans pour autant déposer les armes. S’appuyant sur son expérience intime et précisant ses positions au sein du féminisme radical, Willis propose de penser la libération sexuelle en même temps qu’une critique de la domination masculine. Depuis l’émergence de ce féminisme à la fin des années 1960 et tout au long de son histoire mouvementée, elle n’a cessé d’en questionner les principes, les méthodes et les enjeux. L’idée d’une révolution sexuelle féministe reste pour elle essentielle : ses essais invitent à voir la sexualité comme un terrain de lutte et d’émancipation tout en refusant de s’inscrire dans une approche policière, moraliste ou politiquement correcte du sexe. Les questions au coeur son travail sont encore les nôtres : pourquoi ne sommes-nous toujours pas libres sexuellement, et comment lutter pour y parvenir ?
SOMMAIREDan Dipiero« Danser jusqu'à l'effondrement »Fanny Quément« Fabuleuse Anne Sylvestre »Matt Colquhoun« Myhologies adolescentes du True Black Metal »Catherine Guesde« Noise et nostalgie »George Prochnik« Entendre les sirènes »Dave Tompkins« Football, émeutes et basse fréquences »Simon Reynolds« Le choc du glam »
Impression riso couleur format A3.Affiches réalisées par Estelle Vanmalle, illustrées par Rémi Calmont, et pensées par Emilien Point-Afana.Au moment du paiement, nous rajoutons au total le prix du tube d'expédition spécial affiches (1,80€)